Titre : L'affaire Sylla
Auteur : Solange SIYANDJE
Roman sélectionné par l'Agence littéraire du Centenaire,
Année : 2024
Nombre de pages : 248
Editeur : Gallimard
Aperçu :
Cinq personnes empoisonnées dans un court laps de temps ont pour point commun d’avoir été en rémission de cancer après avoir été soignées par le guérisseur Moussa Sylla. Soupçonné, celui-ci choisit Béatrice Copper pour le défendre. Quatre des victimes sont d’origine africaine, la cinquième est un chef d’entreprise français. Entre ce dernier et l’entreprise pharmaceutique Merculix, pour laquelle travaille son mari, l’avocate établira un lien. Cette connexion se révélera être au cœur d’une véritable toile d’araignée. Béatrice finira-t-elle par venir à bout du dessein criminel de l’hydre manœuvrant dans l’ombre ?
Ce que je pense de l’intrigue :
L’architecture générale du récit maintient tout au long de celui-ci un équilibre de l’avancée des sous-intrigues, permettant aux arcs narratifs des personnages de germer, puis de s’épanouir. Le lecteur est mobilisé sur ce qu’il se passe, en parallèle, dans plusieurs sphères : police, administration judiciaire et pénitentiaire, avocats, groupe pharmaceutique, famille Sylla, couple de Béatrice et Patrick, relation de Patrick et Nathalie. Notons au passage que le scandale des pratiques de l’industrie pharmaceutique trouve un écho singulier dans l’actualité judiciaire française.
Ce que je pense de la protagoniste :
Faisant fi d’un patent conflit d’intérêt, Béatrice plongera dans un maelström mêlant sa vie sentimentale, les arcanes de la vie judiciaire et la menace de la délinquance en col blanc. Pour sortir de ce tourbillon, la jeune femme fera preuve d’intrépidité, de courage et de lucidité. Son engagement professionnel devient objectif de survie aux manœuvres de l’entreprise criminelle du groupe pharmaceutique. Sa quête me semble peu aisée à isoler. Cela est-il dû à la grande proximité entre l’auteure et la protagoniste ? L’hypothèse, dans ce cas, serait que Solange Siyandje éviterait de trop se dévoiler. Peut-être Béatrice est-elle mue par un simple besoin de justice, au sens de valeur universelle ? Elle se place parfois, dans un risque calculé, à la limite de la déontologie de la profession d’avocat, mais toujours pour un enjeu supérieur. Le guérisseur Moussa Sylla est campé comme un vieux sage. A mille lieux des clichés de charlatanisme, il émane de lui une véritable aura. Il nourrit le roman d’une empreinte philosophique, voire spirituelle. Serait-ce finalement ce personnage qui permettrait à l’auteure d’instiller dans sa création une dimension plus personnelle ?
Ce que je pense du style littéraire :
L’univers décrit avec précision, les personnages caractérisés avec justesse, la montée en puissance de l’intérêt dramatique, sont les ingrédients d’une histoire captivante jusqu’au bout. Si au moment où s’installent les nœuds des intrigues secondaires on remarque, dans les dialogues, de nombreuses incises, celles-ci se justifient par une arborescence de multiples personnages. L’auteur cherche une connivence avec son lecteur : « Vous voyez, je ne veux pas vous perdre ! ». Cette volonté de bien faire demeure subtile. La finesse est aussi de mise pour introduire une dimension documentaire dépeignant les milieux judiciaire et carcéral. Le dosage des informations sur les personnages est réussi, grâce au procédé consistant à compléter parfois un portrait avec un léger décalage temporel. Le personnage prend ainsi de l’épaisseur progressivement.
Note du commentateur :
Dans le but de ne pas tout dévoiler, ce « retour de lecture » est une version aussi expurgée que possible d’une fiche de lecture plus complète.